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En Côte d’Ivoire, les femmes jouent un rôle de premier plan dans la conservation des forêts

Dans la région du Haut-Sassandra, au centre-ouest de la Côte d'Ivoire, les femmes deviennent de plus en plus des acteurs clés de la conservation de la biodiversité et de la gestion durable des forêts, transformant non seulement leurs communautés, mais aussi l'approche de la région en matière de gouvernance des ressources naturelles.


Par Vanissa Diring

Dans la région du Haut-Sassandra, au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, des kilomètres de savane boisée font place à des forêts tropicales luxuriantes et verdoyantes. Cette zone de transition abrite une biodiversité remarquable, avec des espèces emblématiques telles que les chimpanzés, les céphalophes et les pangolins, ainsi que des espèces d’oiseaux telles que le Francolin à double éperon (Pternistis bicalcaratus), la tourterelle vineuse(Vinaceous Dove Streptopelia et le tisserin de Pelzelnt (Ploceus pelzelni)

Autrefois dominée par une végétation forestière dense, la région a subi une forte déforestation. Selon une étude réalisée en 2015, la superficie de la forêt naturelle dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire est passée de 37 749 hectares en 2001 à 7 844 hectares en 2013 (soit une baisse de 79,22 %) en raison de l’exploitation forestière illégale et de l’expansion des terres pour l’agriculture.

Avec le soutien du Fonds canadien d’initiatives locales (CFLI), SOS-Forêts a lancé une initiative de conservation, « Champions de la conservation » en 2024, soutenant 110 femmes dans trois villes de la région, à savoir Daloa, Issia et Vavoua.

Le programme vise à former les femmes pour qu’elles deviennent des ambassadrices de la conservation dans leurs communautés, à renforcer leurs capacités et à promouvoir leur autonomie financière. Aujourd’hui, le changement est en marche : longtemps marginalisées dans la prise de décision liée aux ressources naturelles, les femmes deviennent des actrices clés de la conservation.

« Les femmes défendent leur environnement avec une détermination sans pareille, car en protégeant la biodiversité, elles assurent un avenir durable à leurs enfants et à la planète », déclare Marius Kamelan, directeur exécutif de SOS-Forêts.

Par ailleurs, SOS-Forêts a organisé des sessions de formation pour 25 femmes leaders de six villages – Gueguhé, Ahoutoukro, Niouboua, Zokoguhé, Bonoufla et Akanzakro – sur la gestion durable des ressources et les réglementations FLEGT (Forest Law Enforcement, Governance and Trade).

Ces compétences leur ont permis de jouer un rôle central dans la gouvernance des ressources naturelles. En outre, elles ont été soutenues dans le processus d’enregistrement des plantations forestières au nom des associations de femmes, une étape clé pour assurer la gestion durable de ces zones et garantir leur propriété à long terme.

La préservation des forêts ne peut se faire sans alternatives économiques viables. Conscient de cet enjeu, SOS-Forêts a formé 110 femmes à la production de champignons, leur permettant ainsi de diversifier leurs sources de subsistance, tout en réduisant leur dépendance au bois. Six champignonnières ont été créées pour produire des pleurotes, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire des communautés locales.

Désormais propriétaires de forêts communautaires, ces femmes ne se contentent pas de récolter du bois : elles assurent une gestion durable des forêts, tout en luttant contre l’abattage illégal. En outre, les femmes ont collectivement reboisé 15 hectares de terres qui leur ont été attribuées par les autorités communautaires.

Participants à l’un des ateliers © SOS Forêts

Deux parcelles ont été enregistrées sous l’égide de la coopérative des femmes, tandis que quatre autres sont en cours d’enregistrement. Cette propriété foncière marque une avancée significative en matière de régime foncier et de gestion durable de cette ressource essentielle.

« Aujourd’hui, nous avons la terre, les connaissances et la force de préserver nos forêts et d’assurer un avenir durable à notre communauté », déclare Kouamé Adjoï Claudine, présidente du groupe de femmes d’Ahoutoukro.

En outre, les femmes ont reçu une formation aux techniques de plaidoyer, de communication et de mise en réseau, renforçant ainsi leur capacité à défendre efficacement leurs droits, à sensibiliser leurs communautés aux questions environnementales et à établir des partenariats solides avec des acteurs locaux et internationaux.

« Ce projet transforme nos besoins en véritables opportunités de changement, nous permettant de protéger la forêt tout en assurant un meilleur avenir à nos communautés », déclare Vanié Louhelou, présidente du Groupement des femmes de Bonoufla.

Pour maximiser l’impact de ce projet, il est essentiel de soutenir l’expansion de ces initiatives dans toute la région du Haut-Sassandra. L’élargissement des programmes de formation, l’extension des projets de production économique durable tels que les fermes mycicoles et l’agriculture sans sol, et le renforcement de la collaboration avec les autorités locales nous permettront d’atteindre plus de femmes et plus de communautés. Grâce à l’autonomisation, les femmes deviennent de plus en plus des acteurs clés de la conservation de la biodiversité et de la gestion durable des forêts, transformant non seulement leurs communautés, mais aussi l’approche de la région en matière de gouvernance des ressources naturelles.

« Chacune de ces femmes est non seulement une source de fierté, mais surtout une source d’inspiration pour les générations futures, en apportant des solutions concrètes pour la protection de nos forêts et en répondant aux besoins de leurs communautés de manière durable », conclut M. Kamelan.

Image d’en-tête : Femmes de la communauté participant à un atelier de renforcement des capacités © SOS Forêts

Une pépinière du projet © SOS Forêts

Les femmes défendent leur environnement avec une détermination sans pareille, car en protégeant la biodiversité, elles assurent un avenir durable à leurs enfants et à la planète.

Marius Kamelan, directeur exécutif de SOS-Forêts.

Les femmes de la communauté participant à une réunion parallèle © SOS Forêts

Ce projet transforme nos besoins en véritables opportunités de changement, nous permettant de protéger la forêt tout en assurant un meilleur avenir à nos communautés

Vanié Louhelou,présidente du Groupement des femmes de Bonoufla